Actualité - Un réseau contre le harcèlement

  • Auch. Dans le Gers un réseau élèves adultes mis en place au collège contre le harcèlement - ladepeche.jpg
    14 Oct, 2021

    Un réseau contre le harcèlement

    Un réseau élèves adultes mis en place contre le harcèlement.

    Le collège Mathalin a mis en place un réseau d’écoute et de soutien des élèves victimes de harcèlement. Originalité du système : il est basé sur l’action d’autres collégiens, qui reçoivent une formation.

    Ils sont en 4e ou en 5e, au collège Mathalin, et ils sont volontaires pour lutter contre le harcèlement et toutes les formes de violences scolaires, au sein du réseau "Sentinelles et Référents", une première au collège Mathalin, destinée à être pérennisée. Ce vendredi, avec un formateur et six adultes, les élèves apprennent à appliquer le RIRE. Traduction : Repérer, Intervenir, Référer, Et après. "On est ici pour aider les personnes qui sont victimes de harcèlement dans le collège, explique Valentino. Ça arrive, que ce soit verbal, ou même physique…" Tous, parmi les collégiens ont été les témoins, parfois les victimes, de tels actes. Des coups sans motifs, des insultes gratuites, ou bien la destruction de matériel scolaires, des humiliations. "On a envie d’aider, ajoute Valentino, mais on ne sait pas comment faire… On est là pour apprendre."

    Daniel Berland, le formateur de la Sedap*, leur donne des outils, des protocoles, pour établir le contact. "Personne, ici, enfants ou adultes, n’est là par hasard. Tous ont vu ou ont subi de telles violences." La formation des jeunes Sentinelles a commencé voici un mois, par session de deux jours. Les adultes référents ont deux stages de trois jours. "Le harcèlement, la violence en milieu scolaire, prend de l’ampleur année après année, et il faut souvent des drames pour que les autorités en prennent conscience glisse le formateur. C’est un véritable problème de société. On recense un suicide par jour lié au harcèlement. Alors qu’en disant non, en groupe, ensemble, permet de changer la situation."

    * Société d’Entraide et d’Action Psychologique

    Les enfants préservés

    À aucun moment, les enfants ne s’occupent des harceleurs. C’est le rôle des adultes. Même s’ils connaissent le nom des harceleurs, les sentinelles ont interdiction de le dire. Une notion très bien intégrée par les collégiens, qui doivent laisser la victime faire la démarche. "Nous apprenons à rassurer la victime de harcèlement, dit Charlotte, à la mettre en confiance." La plupart ont décidé de se lancer dans ce rôle de Sentinelle par altruisme, et par empathie. "Moi, quand je vois une personne triste, ça ne me rend pas heureuse", explique Charlotte. "Ça nous affecte aussi, on n’aimerait pas à être à la place de ces victimes", ajoute Inès.

    Parmi les Référents, des enseignants, des animateurs, ou des parents d’élèves, comme Marie-Agnès. Elle-même garde des souvenirs bien nets de telles violences pendant ses années d’école. "Beaucoup de parents souhaitent que leurs enfants étudient dans un climat serein. Et ce sont les enfants qui voient les 1er les problèmes. Ils peuvent éviter des drames, libérer la parole." À ses yeux, une telle initiative contribue à la réussite de la scolarité des élèves.

    Une action qui ne s’arrête pas aux murs du collège, et qui développe une étonnante maturité chez les collégiens. "Ça peut aller plus loin, dit Valentino. Sur les réseaux sociaux, dans la rue ou en famille. Là aussi, ça peut nous servir, et être utiles aux autres."

    Un système très réactif

    Le collège Salinis a été le 1er collège d’Auch à mettre en place son réseau "Sentinelles et Référents", l’an dernier. Six adultes et 10 élèves le composaient. Le retour d’expérience est excellent, juge la principale adjointe, Florence Jouas. "Nous avons eu très rapidement des situations à traiter, qui ont eu un très fort impact sur le climat scolaire" confie-t-elle. Les enfants se sont emparés avec efficacité du dispositif. "Cela donne un système très réactif, face à des incidents bien réels. Les collégiens font bien la différence." La principale adjointe considère que le partage des rôles "évitent aux enfants la charge émotionnelle. Ils deviennent des repères de sécurité, et ce dispositif développe l’esprit de coopération, et le civisme. C’est réellement pertinent et efficace dans le temps !"

    Dernière modification : 14 Oct, 2021 09:10